Un assaut du Raid a été donné à Saint-Denis ce 18 novembre au matin pour viser les auteurs et complices présumés des attentats du 13 novembre. Résultat : plusieurs interpellations et deux morts, dont une femme kamikaze qui s’est fait exploser. Christophe Caupenne a été le chef de la négociation du Raid pendant douze ans et coordinateur des négociateurs de la Police française. Il est aujourd’hui à la tête d’une société de gestion de crise, “Caupenne conseil”. Il décrypte auprès de Marianne l’assaut de ce matin et le profil psychologique des terroristes.

Peut-on négocier avec ce type d’individus ?
Christophe Caupenne : Vu le profil, il y a quasiment zéro chance. C’est même suspect s’il le fait, il peut être en train de gagner du temps pour chercher à piéger un appartement. Evidemment, s’il demande à négocier, on le fera, mais on est plus dans une logique tactique. Se rendre serait pour lui un très mauvais message envoyé aux futurs kamikazes, puisqu’il y en a, de toute évidence. Il doit montrer sa détermination et montrer l’exemple, se rendre n’aurait pas de sens. On n’est pas dans une négociation avec des braqueurs de banque.
 
Quel est le profil psychologique de ces individus, et dans quel état sont-ils après ce qu’ils viennent de commettre ?
Christophe Caupenne : Ce sont souvent des sociopathes. Ils ont en quelque sorte une carence au niveau de leur affect. Ils n’ont pas d’émotions comme vous et moi, ne ressentent pas de compassion, ils ont ce type de facilité qui leur permet de fonctionner après avoir tué, égorgé…  Cet état est renforcé par la prise de psychotropes, alcool, haschich. En ce qui les concerne, on parle également de médicaments comme le Captagon et la Dexédrine, qui augmentent l’agressivité et la résistance au manque de sommeil.
 
Y a-t-il autant de personnes atteintes de ce type de pathologies dans les rangs de ces terroristes ?
Christophe Caupenne : Je ne les ai pas examinés, il y en a qui sont simplement convaincus et de vrais fanatiques religieux. Mais il faut savoir que les maladies mentales, il y en a énormément, et que leur développement va être favorisé par la rencontre avec des circonstances favorables. Une guerre comme celle qu’ils mènent où l’on peut torturer et exécuter sans aucune limite est idéale. Cette habitude a permis un très important « lissage » au niveau des émotions.
 
La consommation précoce et régulière de hachich est-elle un facteur aggravant ?
Christophe Caupenne : Indiscutablement, c’est un catalyseur et un accélérateur des troubles. Il y a eu dans l’Histoire des exemples frappants, comme la secte des Nizarites (appelés aussi Hachachines, ou Assassins), du VIIIème au XIVème siècle, des extrémistes chiites qui prônaient une lecture ésotérique du Coran, et que Marco Polo décrit comme complètement drogués au haschich, notamment durant leur phase de formation.
 
Il y a maintenant des femmes parmi ces terroristes, quelles sont leurs caractéristiques ?
Christophe Caupenne : Ce n’est pas nouveau, mais cela s’est développé en Tchétchénie, avec des femmes qui allaient se faire sauter sur les barrages. Ces opérations sont menées de manière structurée et intelligente : rien de tel, quand on agit au milieu d’une foule importante, qu’une femme pour passer inaperçu. Il y a différents profils, des sœurs, des mères, ou des profils de « mère Thérésa », qui peuvent être parties là-bas pour aider dans les hopitaux ou les orphelinats et finalement accepter de devenir des combattantes.
 
Y a-t-il un risque que de telles opérations terroristes suscitent des vocations chez des individus qui n’ont pas encore sauté le pas ?
Christophe Caupenne : Oui, un risque très important. C’est ce qu’on appelle le mécanisme de « réplique » ou de « copycat » : un petit groupe d’individus qui a commencé à se radicaliser, qui a quelques armes et qui se dit, « nous aussi on va participer au grand raout».”
 
 
Source : Marianne.fr – article écrit le 18 novembre 2015 par Vladimir De Gmeline

 
 

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