« Attentats de grande ampleur, prise d’otages ou assassinats de masse… Face à la menace protéiforme que font peser les jihadistes sur la France,  le RAID et le GIGN se préparent à tous les scenarii, conscients qu’ils risquent « d’avoir de la casse ».

Le constat dressé mardi aux forces de sécurité par le ministre de l’Intérieur est sans appel: des « menaces multiples » et d’un « type nouveau » représentent un « risque inédit » sur la France, a affirmé Bernard Cazeneuve.

« Les terroristes représentent aujourd’hui la partie la plus préoccupante de la menace, celle à laquelle on se prépare le plus », affirme Jean-Michel Fauvergue, le patron du RAID, l’unité d’élite de la police nationale.

« Nous devons nous adapter, voire anticiper, les modes opératoires de l’adversaire. Neutraliser les terroristes des années 1970 ne pose pas de difficultés majeures à la différence des jihadistes actuels revenant de Syrie ou d’Afghanistan », renchérit Hubert Bonneau, le chef du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale).

La prise de conscience de cette menace a eu lieu après les attaques de Bombay en novembre 2008 quand un commando islamiste de dix hommes a frappé en plusieurs points de la ville, tuant 166 personnes.

« Elles ont montré que les attentats multiples avaient été commis pour disperser les forces de l’ordre. L’adversaire, renseigné dans les moindres détails, entraîné et équipé avec de l’armement léger, tue de façon méthodique en cherchant à faire le maximum de victimes », analyse le chef du GIGN.

– La riposte doit être immédiate –

Même si, selon des sources proches du renseignement, un attentat à la bombe de grande ampleur est « un scénario toujours envisageable », les jihadistes optent plutôt pour ces « modes de terreur plus faciles à mettre en oeuvre » et « à fort retentissement médiatique », explique une source proche du dossier.

De l’aveu des deux forces, « la riposte doit être immédiate ». Le siège pendant quatre jours du centre commercial Westgate de Nairobi par quatre islamistes somaliens en septembre 2013, qui avaient tué 67 personnes, est la hantise des forces d’intervention.

« Tous les moments gagnés par les forces de l’ordre permettent de sauver des vies et de contrecarrer leurs plans », explique M. Fauvergue, d’autant que « le temps médiatique appartient aux terroristes qui savent se mettre en scène ».

Forts de ces constats, les deux forces ont revu leurs modes d’intervention pour répondre plus efficacement à la menace. Le RAID a notamment renforcé son maillage territorial pour se trouver au plus près de la crise et le GIGN possède 200 « dossiers d’objectifs » sur des cibles potentielles.

Pour autant, ce sont les policiers et gendarmes de patrouille qui seront les premiers sur les lieux en cas de tuerie. « Ils auront un rôle primordial qui les exposera à la violence des terroristes. Ils devront faire face à une situation très dégradée avec parfois une forme d’inhibition dans l’usage de leur arme de service s’ils ne se sont pas directement menacés », met en garde le chef du RAID. Pour améliorer leur réactivité, des formations sont dispensées. « Les premiers vont aller au contact et nous allons avoir de la casse », prévient une source policière.

Autre crainte, les jihadistes qui veulent marcher dans les pas de Mohamed Merah, qui a assassiné trois parachutistes, puis trois enfants et un enseignant juifs en 2012 à Toulouse et Montauban avant de tomber les armes à la main sous les balles du RAID. Tout comme lui, un autre Français, Mehdi Nemmouche, a frappé froidement en mai et avec une logistique minimale quatre personnes sans défense à l’intérieur du Musée juif de Bruxelles.

Ces jihadistes, « entraînés aux armes en Syrie, ont assisté à des atrocités. Ils sont complètement désinhibés par rapport à la violence mais aussi par rapport à la mort. Ils vont allier les caractéristiques de l’individu en crise à celles du combattant radicalisé », craint M. Fauvergue. »

Source : Lepoint.fr / AFP – article écrit le 02 octobre 2014

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