« Les attentats de 2015 ont été un électrochoc pour les forces d’intervention. Contraintes de travailler ensemble face à des situations nouvelles, les unités spéciales doivent aujourd’hui rapprocher leurs méthodes et leurs procédures.
Ils ont les mêmes uniformes d’intervention, les mêmes équipements, les mêmes armes mais jusqu’à maintenant leur culture les séparait. Une culture policière pour les uns (Raid et Bri), militaire (GIGN) pour les autres, un vocabulaire propre à chacune des unités et des procédures distinctes. Ils doivent aujourd’hui apprendre à fonctionner ensemble dans des conditions de grande urgence. Le 20 avril dernier, 150 hommes de ces unités d’élite se sont retrouvés à la gare Montparnasse pour un exercice commun d’attaques multiples et de prise d’otages. Placés depuis peu sous le commandement d’une unité de liaison des forces d’intervention (UCLFI), les hommes du RAID, de la BRI et du GIGN, ont ainsi passé plusieurs heures à s’entraîner main dans la main. Le but de ces premiers exercices étant aussi de mettre fin à leur rivalité.
Les effectifs de la BRI doublés à Paris
Dans le cadre de la refonte de l’organisation des forces spéciales quatre nouvelles antennes du GIGN et trois du Raid seront créées en province et outre-mer. Le Raid s’installera par exemple à Toulouse (Haute-Garonne), Montpellier (Hérault) et Nancy (Meurthe-et-Moselle), et le GIGN à Nantes (Loire-Atlantique), Reims (Marne), Tours (Indre-et-Loire) et Mayotte. À Paris et en petite couronne parisienne, les effectifs de la Brigade de recherche et d’intervention (Bri) seront eux doublés afin que toutes ces unités d’élite puissent faire face à un éventuel « attentat de masse » selon les termes du ministère de l’Intérieur. On apprend aussi qu’en cas de crise grave ou d’attaque d’envergure, les traditionnelles zones de compétences qui créent des frontières dans l’intervention des gendarmes et des policiers seront suspendues.
Ces annonces ont été faites par Bernard Cazeneuve lors de sa présentation du nouveau schéma d’intervention destiné à coordonner l’action des unités d’élite à la lumière des attentats de 2015. Le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et les policiers du Raid doivent pouvoir « intervenir sans délai », en faisant abstraction de l’habituel partage du territoire entre policiers et gendarmes, les premiers en ville, les seconds en milieu rural et péri-urbain. « En cas de tuerie de masse, c’est durant les premières minutes que les terroristes font le plus grand nombre de victimes », a souligné le ministre de l’Intérieur. « Nous devons donc réagir le plus rapidement possible, comme nous devons constamment anticiper l’éventualité d’une telle attaque », évoquant la guerre du temps qu’implique désormais toute riposte antiterroriste.
Les forces spéciales se sont donc dit « oui » à l’occasion de ce qui apparaît comme un vrai mariage de raison. Espérons que la lune de miel ne se change pas en eau de boudin. »
Source : opinion-internationale.com – article écrit le 27 avril 2016 par Omri Ezrati