« Un ancien gradé du GIPN propose des stages singuliers aux entreprises et particuliers.
L’Académie-GI allie gestion du stress, temps d’action et de cohésion autour du pic Saint-Loup.
N’en déplaise aux gros bras de salon enfouraillés comme des porte-avions, aux agents triple scotch de soirées consulaires, aux commandos d’apéritifs caritatifs ou aux barbouzes de club Mickey, cette académie-là n’a pas vocation à former des têtes brulées enclines à presser, au moindre coup de pétard, la queue de détente d’une arme.
Ici, au pied du pic Saint-Loup, pas de futur agent du Spécial Air Service ou de plongeur idolâtre d’Augustin Hubert.
L’Académie-GI, c’est son nom, propose aux particuliers et entreprises, des stages de cohésion de 48 à 60 heures.
Soit un savant mélange entre action, sport et réflexion. Une vraie parenthèse humaine. Pour, au final, en apprendre sur soi-même, sur son fonctionnement en groupe.
Et, parfois, découvrir que son pire ennemi peut aussi se conjuguer à la première personne du singulier.
Accessibles à tous
Fondée par Christophe Hernandez, un ancien du Groupe d’Intervention de la Police Nationale (GIPN), l’Académie-GI, est un concept assez novateur en France. Car très peu développé à ce niveau de sérieux.
« Le but est de s’adapter aux conditions physiques des gens et leur permettre de faire tout ce qui est proposé en s’adaptant toujours au plus faible pour conserver une nécessaire cohésion », résume l’intéressé. Qui a donc décidé de créer sa structure. Epaulé en cela par un ancien militaire des Forces Spéciales (il y a pire comme prof) et une brochette de professionnels de la sécurité et du secours tels des pompiers, une infirmière…
L’arrière-pays comme terrain de jeu
Tout cela dans un cadre gravitant autour de l’arrière-pays héraultais : de Viols-le-Fort à Saint-Jean –de-Cuculles en passant par le lac de Cécélès. Soit un terrain de jeu de quelques dix mille hectares. Où les actions s’enchaînent : simulation d’exfiltration d’otages, conseils distillés lors d’une situation de crise, gestion du stress, bivouac en nocturne ponctué de « petits soucis », descente en rappel, traversée de plan d’eau, parcours de tirs (de type airsoft ) en binôme et dans le noir, utilisation de tyrolienne (yeux bandés, dos au vide ou tête en bas et bras en croix, c’est selon)…
Avec ce soucis constant : « Trouver le juste équilibre entre celles et ceux qui sont ou pas sportifs », assure Christophe Hernandez. Doublé de ce fil d’Ariane : une sécurité de tous les instants, point cardinal non négociable.
« Pour vivre la vie d’une jeune recrue qui entre au GIPN. Tout en s’adaptant aux gens, sans se blesser. Le but n’est pas de faire du business mais de passer de bons moments, participer à des activités hors normes et rencontrer des gens », répète-t-il à l’envi. Pour des sessions de quinze participants maximum.
Un premier stage a déjà eu lieu au mois d’octobre dernier, un prochain est en orbite pour avril « mais complet et réservé à une entreprise du BTP ». Un troisième est déjà prévu en juin. Avec, sur demande, un retour d’expérience possible.
A l’inverse, Christophe Hernandez évoque ce coup de fil reçu d’une mère de famille.
« Elle m’avait appelé pour son fils de 16 ans, qui fumait du haschisch, travaillait de moins en moins. Elle voulait qu’on le prenne en main ». Plus pédagogique qu’une bête de camp de redressement. A coup sûr.
Paquetage
Filtrage
Pas question d’accepter n’importe qui, n’importe comment. Lorsqu’un particulier veut participer à un stage de l’Académie-GI, il faut d’abord passer par la page Facebook de celle-ci ou se connecter au site internet (académie-gi.fr). Christophe Hernandez et les formateurs procèdent ensuite à un filtrage. Notamment en demandant au candidat potentiel un certain nombre de documents. Et en cas de doute, un rendez-vous est organisé.
Puis, chaque postulant reçoit une plaquette informative avec les tarifs, la chronologie du stage et une fiche de pré-inscription. Une convention est ensuite paraphée. Et un certificat d’aptitude demandé. Le jour du rendez-vous, chacun reçoit un paquetage et un ordre de mission « pour les mettre dans l’ambiance », précise Christophe Hernandez.
Zone blanche
Les stages peuvent durer jusqu’à trois jours et trois nuits. Mais quelle que soit leur durée, l’une des règles est de se débarrasser de tout oripeau électronique. « Ils sont avec nous donc nous leur prenons leur téléphone », annonce l’organisateur. Voilà les geeks prévenus.
Souriez, vous êtes photographiés
Pour celles et ceux désireux de conserver d’impérissables souvenirs de cette « balade de santéé, un photographe est présent tout au long de la session.
Cohésion
Au soir du dernier jour, les participants se retrouvent, avec toute l’équipe, autour d’un repas dit de cohésion. Un débriefing informel suivi d’une nuit réparatrice dans un gîte du cru. Et, cette fois, sans surprise autre que de s’endormir avant que sa tête ne touche l’oreiller.
Christophe Hernandez : action !
Comme tout homme nourri à l’action et au sens vrai des responsabilités, Christophe Hernandez aime se faire discret. Pas question donc de s’étendre sur un parcours professionnel dédié à la sécurité et à la sûreté de ses contemporains. Arrivé dans l’Hérault il y a deux ans et demi de cela, il a tenu à prendre du recul avec son ancienne fonction.
L’ex-numéro deux du Groupe d’Intervention de la Police Nationale à Lyon est resté dix-sept ans dans cette unité d’élite après un passage à la brigade anti criminalité à Paris.
Une sorte de reconversion douce puisqu’il officie au commissariat de Montpellier. Mais chut, pas question de s’épancher. Sauf à préciser que, lors de la prise d’otages de la bijouterie de la rue de l’Argenterie, en janvier 2015, il aurait servi d’interface entre le suspect et ses ex-collègues du GIPN. Pas rien. »
Source : Midi libre – article écrit le 26 Février 2016 par Jean-François Codomié