« Depuis sa création en 1985, l’unité d’élite de la police est intervenue à de nombreuses reprises pour gérer des situations de crise : prises d’otages, arrestations de malfaiteurs, protections de personnes, missions de filature, etc …
L’attaque contre Amedy Coulibaly lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher en 2015. La neutralisation de Mohamed Merah en 2012 à Toulouse. Ou encore l’assaut contre «Human Bomb» en 1993 à Neuilly. Autant d’événements qui ont marqué les trente ans d’existence du Raid (pour: recherche, assistance, intervention, dissuasion). Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve , se rend vendredi au siège de l’unité d’élite de la police, à Bièvres (Essonne), pour souffler ses trente bougies.
«La mission du Raid», rappelle son chef actuel, Jean-Michel Fauvergue, «c’est se confronter à la démence du désespéré, du forcené ou criminel dans un lieu clos, la folie meurtrière du tueur ou la barbarie du terroriste». Un terrorisme «low cost», ajoute-t-il. Mais «il faut se préparer à un attentat de masse», poursuit-il, «le danger est prégnant sur le long terme». Jean-Michel Fauvergue ajoute que les «délinquants, sans parler des radicalisés revenus de Syrie, sont de plus en plus désinhibés par la violence». Que bien souvent la négociation, si longtemps utilisée et pensée au Raid, l’est «de moins en moins». «Ils ne se rendent pas», assène-t-il.
Le RAID, aujourd’hui composé de 300 hommes et femmes, est née en 1985 autour d’une table de bistrot entre fonctionnaires de la place Beauvau. L’idée est venue de Robert Broussard, le «tombeur» de l’ennemi public No 1 de l’époque: Jacques Mesrine. La création de l’unité d’élite, dont la devise est «Servir, sans faillir» , est partie d’un constat simple. La police ne disposait pas d’un service d’intervention digne de ce nom face aux forcenés et au risque terroriste dans le monde depuis la prise d’otages aux jeux Olympiques de Munich en 1972. A l’inverse, les gendarmes avait depuis 1974 le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).
Les sept interventions historiques du RAID
1985 : La prise d’otages du Palais de Justice de Nantes
Deux mois après la naissance du RAID, une retentissante prise d’otages éclate au Palais de Justice de Nantes. Pendant près de 36 heures, Georges Courtois, un criminel français aidé par deux complices, retient avocats, magistrats, jurés, journalistes et public lors de son audition pour divers braquages.
Les hommes du RAID mettent fin à la prise d’otages ans effusion de sang.
1987 : L’arrestation des chefs historiques d’Action Directe
Le 21 février 1987, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan, Georges Cipriani et Joelle Aubron, quatre chefs de l’organisation terroriste Action Directe, sont arrêtés par l’unité d’élite de la police nationale à Vitry-aux-Loges.
L’organisation, qui a revendiqué près de 80 attentats sur le sol français dans les années 1980, fut interdite pour apologie de l’action violente et de la lutte armée.
1989 : Un forcené tue deux membres du RAID
Le 31 août 1989, le RAID intervient pour déloger Gérard Marillier, un forcené déséquilibré lourdement armé qui est retranché chez lui, à Ris-Orangis.
Après avoir tenté une intrusion par la porte d’entrée, l’inspecteur divisionnaire Christian Caron et le sous-brigadier Fernand Seither perdent la vie sous les balles de Gérard Marillier alors qu’un troisième homme est grièvement blessé.
Quelques minutes plus tard, le forcené, blessé par Chrisitan Caron, est maîtrisé.
1993 : Le RAID neutralise « Human Bomb »
Le 15 mai 1993, un ancien militaire qui tenait depuis deux jours en otage les enfants et une institutrice d’une école maternelle à Neuilly (Hauts de Seine) est tué par le RAID.
Les otages sont indemnes. Erick Schmitt, qui s’était baptisé « Human Bomb », portait une ceinture de dynamite. Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et maire de Neuilly, était intervenu comme médiateur avant l’assaut
1996 : L’intervention contre « le Gang de Roubaix »
Le 27 mars 1996, deux jours avant le sommet du G7 à Lille, le RAID tente d’interpeller les membres du « Gang de Roubaix », un groupement à mi-chemin entre le grand banditisme et l’organisation terroriste islamiste.
Durant l’assaut, quatre membres du gang sont abattus et trois autres, absents des lieux lors de l’intervention, essayent de quitter le territoire mais sont rapidement retrouvés.
Par ailleurs, deux membres du RAID sont blessés.
2012 : L’assaut dans l’appartement de Mohmmed Merah
Le 22 mars, l’unité d’élite de la police neutralise Mohammed Merah, barricadé pendant 32 heures dans son appartement.
Ce dernier avait auparavant tué sept personnes, notamment des militaires à Montauban ainsi que des enfants devant une école juive de Toulouse. Trois policiers ont été blessés lors de l’assaut, dont un « assez grièvement ».
2015 : L’intervention dans l’Hyper Cacher de Vincennes »
Le 9 janvier 2015, soit deux jours après l’attaque de Charlie Hebdo, Amedy Coulibaly est abattu à l’intérieur d’un magasin Hyper Cacher.
Ce dernier s’était retranché dans cette superette avec 17 otages.
Il tue dés son entrée dans le magasin un otage de sang-froid, puis deux autres par la suite.
La prise d’otage dura près de 4 heures et plusieurs membres du RAID furent blessés. » »
Source : Le Figaro.fr – article écrit le 09 octobre 2015 par William Plummer