Jean-Marc Tanguy, grand reporter spécialisé  sur les terrains militaires (Afghanistan, Mali, Niger, Tchad) travaille sur le RAID depuis dix ans.
Il publie le 6 octobre un livre de témoignages inédits et de photos chocs. Extraits

 
 

Rencontre sur le tarmac

“En 2005, j’enquête sur le groupe AZF – groupe de pression qui a menacé entre 2003 et 2004 de disposer des bombes sur le réseau ferroviaire – pour le journal “France-Soir”. Je tombe sur cet hélico militaire posé sur l’héliport civil d’Issy-les-Moulineaux. Quand je suis allé les voir et qu’ils ont compris que je les avais surpris, ils étaient médusés. Après cette photo, j’en fais presque 600 autres, en suivant les hélicos comme des petits cailloux dans le ciel, à Issy-les-Moulineaux encore et aussi à la base de Bièvres.


 
 
Le premier contact avec T., négociatrice
« T–c’est l’initiale de son prénom–est l’une des premières que je rencontre en 2005. Quand elle est venue au Raid, on lui a dit : « Il n’y a pas de fille chez nous. » Elle a fait sa place. C’est une de ses premières négociations, menée seule. On est en banlieue parisienne pour un cas un peu typique de forcené qui menace ses proches avec un couteau. Cet appareil (photo ci-dessous) permet de mettre plusieurs personnes en relation. Dans ce cas, cela s’est bien passé, mais régulièrement le forcené tire, avec de vraies armes. Elle ramène cette personne à la raison, rien que par la parole. La porte s’est ouverte toute seule, tout s’est passé en douceur, il a fallu une nuit…”

 
 
Binôme technicien et ripeur en décembre 2014
« Voici un duo à l’entraînement dans un centre des forces spéciales de l’Armée qui reproduit, en banlieue de Pau, un petit centre-ville avec des immeubles, des caves, tous les lieux où le Raid intervient. Un bouclier protège le porteur et le technicien qui sonorise les pièces ou les véhicules dans lesquels sont retranchés les preneurs d’otage ou les forcenés. Les techniciens disposent aussi de petits robots radio commandés capables d’escalader des escaliers, de drones aériens miniatures. »

Le métro, zone sensible

« Les hommes du Raid s’y entraînent très régulièrement pour évoluer dans ce milieu clos, qui peut devenir rapidement obscur. Leur rôle de prévention est important. Les terroristes savent que le Raid a toujours réussi ses missions et qu’à un moment ou un autre, ils seront confrontés à ces unités très entraînées. Sauf les fanatiques qui cherchent à mourir en martyrs, ils ne vont pas aller en confrontation, car ils savent qu’ils ont très peu de chances d’en sortir vivants.»

Les chiens du Raid
« Un solide appui à l’intervention que ces malinois /(chiens de berger belges, NdlR)/, à l’aise dans tous les milieux. Ils sont dressés pour suivre leur maître partout, et même sauter en parachute avec lui. Leur arme, c’est leur mâchoire, leur puissance foudroyante. Le chien sait ne pas faire saigner, mais bloquer ton bras. Tu ne peux plus t’en servir pour tirer ou faire du mal à un otage. Certains ont été décorés pour leur bravoure au feu. »

Camouflage

«À l’issue d’une simulation, ce membre du groupe Oméga, les tireurs d’élite du Raid, se dévoile aux diplomates formés pour connaître les menaces réelles dans les pays où ils sont nommés. Il porte une tenue de camouflage qui permet de fixer à l’envi des morceaux de tissu. Il était dissimulé dans l’herbe et nul ne l’a vu avant qu’il ne se redresse. »

Après les attentats de Charlie Hebdo

“Protection rapprochée du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, le lundi 12* *janvier 2015, jour de sa visite après les attentats de /Charlie Hebdo. /«Quand Benjamin Netanyahu vient en France, il veut aller à l’Hypercasher. On le met sous protection du Raid. La C6 que l’on voit est la sienne. Les deux hommes sont en tenue d’intervention, à gauche le casque lourd qui protège le visage des balles.»

 
S, la première tireuse d’élite

« S. est l’une des premières femmes du Raid, recrutée par Christian Lambert, en 2000, quand le Raid était chargé par Nicolas Sarkozy de retrouver Yvan Colonna en Corse. Pour aller dans le maquis, une femme et un homme passaient inaperçus. Après, elle s’est dirigée vers le tir de précision. Avec les fusils courants, elle atteint sa cible à 100 mètres. Avec celui qu’on voit sur la photo, elle fait mouche à 600 mètres. Il y a des gens, leur vie est vraiment dans sa lunette. Derrière ton fusil, tu travailles pour des équipiers qui progressent, pour un otage qui risque se faire tirer dessus. Quand tu vois une colonne du Raid, il y a cette notion d’équipe. Le succès de la colonne, c’est le succès de tous. »

 
Protection rapprochée pour VIP

«Encore un coup de chance, le 6 juin 2014, à Ouistreham, Vladimir Poutine vient d’arriver en Normandie pour les cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement. La voiture du Raid est juste derrière lui et je suis à 100 mètres de tout cela… »

 
Une véritable force de dissuasion

«Dans le métro, à nouveau, les hommes du Raid partagent leur expertise avec des commandos des forces spéciales de l’armée, qui n’interviennent normalement pas sur le territoire national, sauf dans le cas d’une prise d’otages ou d’une attaque terroriste. Il peut paraître étonnant qu’il y ait eu si peu d’attaques dans le métro depuis les années 1990, alors que les moyens de transport peuvent paraître des cibles privilégiées pour les terroristes. Il faut saluer là le rôle de prévention du Raid qui est une véritable force de dissuasion.”

Raid,* l’ultime recours, 250 pages, 150 documents, éditions Pierre de Taillac, 26,90 €. Sortie le 9 octobre.

Source : Ouest France – article écrit le 05 octobre 2015 par Frédérique Jourdaa

Photos © Jean-Marc Tanguy / D R

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